Aujourd’hui, je vais vous parler d’un mec, un dur, un tatoué. Un mec viril au format biker, le motard rebelle gainé de cuir et de lanières, le David Croquette des temps modernes, chevauchant un cheval de fer, d’huile et d’essence sans plomb. Car oui, nous savons tous que les Hell’s angels ont le grand coeur pour aider une donzelle, en panne de voiture sur le bord de la route et le coeur gros quand ils se retrouvent aux obsèques du président de la république. Comment? Johnny Hallyday n’était pas président de la république?

Roman est en effet un tatoué, plutôt unique en son genre, mais nous y reviendrons plus tard. Intéressons-nous à sa voiture toute droite sortie d’un épisode de oui-oui. Si Franquin avait fait voyager Gaston Lagaffe en Espagne, il aurait immanquablement craqué et croqué cette Renault 7… TL s’il vous plait. La siete (siété en phonétique) est un mélange de la poupe d’une Renault 5… TL s’il vous plait, avec la croupe d’une… J’ai beau chercher, je ne trouve pas.

  • Roman, comment dire? L’arrière de ta siété, c’est plutôt moche non?
  • Je suis d’accord, c’est moche. Mais c’est rigolo.
  • OK, c’est rigolo mais c’est moche.
  • C’est vrai c’est moche, mais c’est rigolo.
  • Ouais, c’est rigolo mais c’est moche quand même.

Cela sent le taquin, le mec sympa, le super papa qui n’hésite pas à emmener ses p’tites sur la banquette arrière pour une balade sur les routes normandes. Ces virées dans cette voiture rigolote et pas si moche que ça, ont remplacé à jamais la Porsche neuf sans onze de Barbie. Quelle frimeuse la gonzesse de Ken! Pauvre fille qui ne connaîtra jamais le plaisir de rouler en ancienne avec son papa. Et toc!

Au milieu des américaines venues à ce premier rassemblement d’anciennes à Manéglise, ma 304 verte s’est naturellement garée à côté de la Siété jaune canari. Une fois de plus, on ne peut pas dire que ma Peugeot ait été attirée par les fesses de la Renault, mais certainement par les pare-chocs faits de tuyaux de métal, bijoux que les françaises ne connaîtront pas. Roman me dit qu’en échange de quelques biftons, il l’a remontée d’Espagne récemment. Je vous rassure, elle n’a pas parcouru une partie de la France en mode « go fast », même si la capacité de chargement du coffre est assez bluffante et peut contenir plus de cent litres de résine de cannabis. L’unité de mesure n’est certes pas appropriée pour ce genre de matière mais cela reste du jargon automobile auquel j’ai du mal à adhérer. Un jour, un journaliste automobile a dû lancer :

  • Et si on utilisait le litre pour mesurer la capacité des coffres des voitures?
  • C’est bien trouvé.
  • Et si on disait que les voitures allemandes étaient mieux que les autres européennes?
  • C’est bien aussi.
  • Et si on disait que le cul de la Renault est vraiment moche.
  • On peut dire ça aussi. On peut dire que c’est rigolo aussi.
  • Non, ça, en tant que journaliste, on peut pas le dire.

Il y a certainement une raison pour laquelle les espagnols préfèrent ce type de corps automobile. Aujourd’hui, Citroën propose encore des malles arrière sur certains modèles, tout comme Renault le proposait avec les Mégane. Je suis tout ouïe quant à la réponse hispanique.

Il y a des hommes petits qui ne peuvent s’empêcher de rouler dans des gros 4×4 luxueux, avec de grands volants pour pouvoir voir la route entre celui-ci et le tableau de bord. Il y a des grands qui s’encastrent dans des petites voitures, pour des raisons pécunières. Il y a des lourds sur des motos surpuissantes avec roulettes sur axe arrière qui ne peuvent s’empêcher de faire hurler leur moteur quand ils sont à l’arrêt avec une bande de faux couillus et enfin, il y a des mecs cools comme Roman qui sont en parfaite harmonie avec leur jouet. Les photos démontrent que la 7 est dénuée de toute fioriture mais l’essentiel y est. Je souhaite sincèrement beaucoup de plaisir à Roman et à ses trois drôles de dames sur les routes normandes et consorts.

Enfin, je tenais à faire part de ma compassion à ce cobaye. Oui, vous avez bien lu. Je vous interdis de rire en regardant les photographies des mollets tatoués de Roman. Il est un mari à l’écoute de sa femme, tatoueuse amatrice et qui s’est réveillée un matin en disant :

  • Ecoute chéri. Tu me fais confiance?
  • Bah oui!
  • J’en ai marre d’exercer mes talents de tatoueuse sur le chien et le chat. Ils n’arrêtent pas de bouger.
  • OK. Et tu as pensé à quoi? dit Roman d’une voie tremblante.
  • Tu ne m’as pas dit que tu aimais les tortues ninja quand tu étais petit?
  • Oui, mais c’était il y a longtemps.
  • Allez, un petit tatouage sur le mollet, cela ne va pas te tuer!

Dix tatouages visibles plus tard, Roman porte, été comme hiver, des shorts afin de faire la promotion du travail de sa femme. Si ça, c’est pas une preuve d’amour.

Le détail : Les bavettes, option de l’époque.