Il faut juste un appel sur le téléphone fixe d’Alain pour que deux heures après, il passe vous chercher pour rendre visite à Dédé, qui vit aussi sans téléphone portable. Je vous assure que c’est possible. On passe à l’improviste, comme à une époque ou nous n’étions pas obligés d’envoyer des messages. T’es là, c’est bien… t’es là mais tu n’as pas envie d’ouvrir, c’est ton choix… t’es pas là et bien tant pis.

Mes 183 centimètres s’introduisent dans le petit habitacle. C’est après une trentaine de kilomètres en fin de trajet que je me suis aperçu que le siège n’était pas reculé à fond et qu’au final, nous ne sommes pas à l’étroit dans la pop’auto la plus vendue de France au début des années 70. Ses bonnes proportions pour se faufiler en ville et sa grande capacité de chargement grâce à son hayon ont dû contribuer à son succès. Je passe ma main gauche au dessus de mon épaule droite pour chercher la ceinture que je ne trouverai jamais. Un bouchon de plastique noir présent sur le montant de la carrosserie indique que l’élément indissociable de la sécurité des occupants d’une voiture n’est pas présent. J’avoue que cela a provoqué en moi une sensation bizarre. Ma poitrine n’étant pas pressée par une bande de toile, ceux sont mes fesses qui se sont serrées à quelques reprises en croisant d’autres voitures sur les routes escarpées ou lorsque la voiture arrivait rapidement dans les virages. Je vous assure qu’à 50 km/h avec une voiture de cinquante ans en rase campagne, la vie défile plus vite. Si les platanes pouvaient parler, ils confirmeraient ce que je dis. Alain m’apprend que sa 1100 est de janvier 1970 et que l’obligation d’équiper toutes les voitures de ceintures de sécurité à l’avant est en vigueur depuis 1972.

Le compteur affiche 115 000 kms, une paille pour cette voiture au moteur fiable. Bon, Alain a été mécano toute sa vie donc vous imaginez que l’entretien est fait aux p’tits oignons, idem pour sa 204 avec laquelle nous aurons l’occasion de nous balader bientôt. Elle est restée dans son jus, peinture et moteur d’origine. Les sièges ont été refait, certes pas dans le tissu pied de poule bordeaux du catalogue mais dans un revêtement qui lui va cependant très bien. C’est une voiture comme je les aime, sans prétention, à l’image de son propriétaire. Comme toutes les voitures de cette époque, il faudra faire attention au circuit de refroidissement et par conséquent à la chauffe du moteur. Alain a installé une jauge de température et une pendule, petites incartades au tableau de bord succinct. Sans internet, avec le bouche à oreille entre pote, il arrive encore à trouver de la pièce comme le moteur de ventilateur tout neuf pour lequel il a fait près de deux cent bornes dans la journée, bien entendu, en pop’auto.

Tout comme les ceintures de sécurité, le rétroviseur du passager n’était pas obligatoire. Vous remarquerez les emplacements, certainement mis au pif sur la carrosserie par l’ancien propriétaire. Alain m’apprend que l’unique rétroviseur extérieur présent à l’origine était pincé sur le montant de la vitre du conducteur. On l’appelait aussi le prisonnier. Sur celui de droite, on peut remarquer un losange. Pas celui de Renault mais certainement un accessoiriste qui a dû fournir la majeure partie du parc pop’auto de l’époque.

Le détail

Pour Alain, c’est le klaxon italien qu’un ami lui a donné et qu’il a installé il y a peu. L’effet sonore est garanti. En ce qui me concerne, j’ai un petit faible pour l’hirondelle qui se trouve au centre du volant. L’emblème de Simca me rappelle le mille bornes de mon enfance.